05 avril 2009

L'herbe du voisin

Tadam. Un peu de lecture, pour agrémenter ce dimanche maussade. Dédé Fortin a dû composer Dehors novembre lors d'un début de mois d'avril semblable à celui qu'on connaît, découragé que la semaine de Pâques s'annoncent aussi grise et pluvieuse que celle de la Sainte-Catherine. Parlant d'elle, après combien de temps de célibat et d'abstinence est-ce qu'on considère qu'on est devenue une vieille fille? En tout cas, je dois m'approcher du seuil critique.

M'a aller vérifier au Jean Coutu, s'il leur resterait pas du vieux stock de kiss à la mélasse à écouler...



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L’HERBE DU VOISIN

Y a-t-il une manière plus convenable qu’une autre de vivre sa vie? Quand j’observe Caroline et Marco, je me dis qu’eux ont trouvé comment. Ils ont l’air de tellement bien se débrouiller avec le bonheur. Peut-être est-ce seulement l’effet de se retrouver ici, en vacances, sans autre souci que de ne pas oublier d’acheter un souvenir à chacun de leurs amis, à leurs parents et au voisin qui prend soin du chat pendant leur absence. Que lorsqu’ils seront de retour chez eux, à se demander ce qu’ils pourraient bien manger pour souper, à hésiter entre deux marques de savon à lessive, à ne pas trop savoir s’ils devraient ou non épandre de l’engrais sur leur pelouse pour qu’elle soit plus verte, peut-être qu’à ce moment, leur bonheur et le mien se ressembleront : instables.

Je suis rentrée de ma longue promenade quotidienne et ils étaient assis dans les divans en faux cuir du hall de l’hôtel. Marco plongé dans la lecture d’un guide de voyage, Caroline faisant des mots croisés. La commis à la réception m’a dit qu’un homme avait laissé un message durant l’après-midi. Elle est nouvelle, je ne l’ai jamais vue auparavant. C’était à tout coup une erreur alors j’ai fourré le papier qu’elle m’a tendu dans la poche de mon manteau sans le lire. Je m’appelle Sarah qu’elle a dit, si jamais vous avez besoin de quoi que ce soit. Elle a des yeux très tristes, Sarah. Probablement qu’elle n’est toujours pas parvenue à décider ce qu’elle mangerait comme repas ce soir. Derrière moi, Marco a demandé à Caroline – Demain c’est notre dernière journée, qu’as-tu envie de faire mon amour?

C’est ta voix que j’ai entendue, sortir de ses lèvres à lui. Et j’ai eu l’impression un instant que demain serait vraiment la dernière journée. Que j’allais mourir et qu’il me faudrait bien faire quelque chose de spécial avant.

Je suis montée à la chambre. Elle se trouvait dans l’état dans lequel je l’avais laissée. J’ai ouvert les rideaux. Rien n’avait bougé, sauf les lampadaires à l’extérieur, ils étaient allumés. Il n’y a jamais que la lumière qui change. Dans la salle de bains, couchée sur la céramique froide, je me suis masturbée en ne pensant à absolument rien, qu’à mes doigts sur mon sexe, peut-être un peu à ce que ce sera demain, la vie, quand je serai morte.

Puis j’ai soudainement eu envie d’un steak saignant.

2 commentaires:

LeDZ a dit…

Peu importe l'abstinence ou le célibat, si t'es pas encore en couple après 25 ans, c'est tu es une vieille fille...

CE qui n'est pas plus mal étant donné le nombre de vieux garçons...

Mélissa Verreault a dit…

Est-ce que c'est une proposition, LeDZ?! ;)

P.S. Tu n'as pas commenté mon avant-dernier message, j'étais inquiète, j'pensais presque qu'il t'était arrivé quelque chose! :P