18 avril 2009

L'amour avec un grand W - Part I

Accoudée au bar d’un endroit branché, sirotant mon gin tonic (sans concombre, merci Madame Germain), j’attends mon amie Anne. Ce soir, on a décidé de sortir en ville et de partir à la chasse. Notre plan : nous déhancher le popotin et nous défoncer la fraise jusqu’à ce que coït s’en suive. La chair est fraîche, le printemps officiel; y’a pas juste mon chat qui s’en ressent. Je pense que certaines nuits, dans mon sommeil, je miaule plus fort que lui. Il est vraiment temps que je me trouve un mâle alpha pour me faire un méchoui de lion et m’aider à assurer la survie de la race. Bref, tonight is the night, all night long, comme le chantait si bien le père de Nicole.

Anne tarde à arriver. Elle doit encore être en train de se demander quelle robe mettre. Avec quels souliers. Avec (ou sans) quels sous-vêtements. C’est compliqué être une fille, bazouelle Lionel. Une demi heure de retard, ce n’est pas son genre pourtant. Son cellulaire est fermé, je suis incapable de la rejoindre. Mon deuxième gin tonic est presque fini. Lisant le désarroi sur mon visage, un jeune homme s’approche de moi et me demande si j’attends quelqu’un. La réponse est oui, mais je dis non. J’ai envie qu’il s’assoit à côté de moi et qu’il me parle : il est plutôt mignon. Il nous commande chacun un drink. Anne peut ben passer la soirée dans son walk-in si elle veut, je n’ai plus besoin de sa compagnie!

Mon bel adonis s’appelle Simon. Je capte un mot sur deux de ce qu’il me raconte, la musique est assourdissante et l’alcool affaiblit ma capacité de concentration… Ses lèvres bougent sans que je puisse y lire quoi que ce soit d’autre que : baisons. Un silence (bon, pas vraiment un silence, on est dans un bar et le disco-dance-pop nous déchire les tympans, pire que si nous avions fait une descente trop rapide en plongée). Un faux silence. Simon me dévisage. Il a l’air d’attendre quelque chose. Oh. Je viens de comprendre : il m’a posé une question et je dois répondre. Mais je n’ai pas saisi la question. J’affiche donc mon sourire le plus niais et je prends une gorgée. Je joue avec ma paille et tente de relancer la conversation en disant – Ils les font pas fort leurs drinks, ça goûte rien qu’le jus. Et là, Simon se fâche – Ayoye. Je me suis vraiment trompé sur ton compte : je trouvais que t’avais l’air intelligente, c’est pour ça que je t’ai approchée, mais finalement, t’es aussi insipide que toutes les autres. Et il est parti.

God damn. Le gars m’engueule parce que je ne suis pas assez brillante pour lui! Man, on est dans un bar, je suis pas mal sur le bord d’être saoule, la musique rend impossible toute discussion véritable, et tu m’accuses de ne pas être i-n-t-e-l-l-i-g-e-n-te. Cal***, va cruiser à la Bibliothèque nationale si ton but c’est de rencontrer une post-doctorante en philosophie kantienne. J’ai la prétention de croire que je suis une fille qui se débrouille quand même pas pire avec son cerveau, mais là, y’a des contextes! On discutera de la situation des femmes en Afghanistan, de la politique étrangère des États-Unis, de la possibilité qu’ils lèvent enfin l’embargo sur Cuba, des propriétés anti-cancérigènes du brocoli, de l’échec du moratoire sur le commerce de l’ivoire, du pourcentage alarmant de séropositifs dans le village gai (12%, je sais, c’est terrible, aussi élevé que dans les tribus les plus durement touchées d’Afrique), oui, on jasera de tout ça, mais un autre m’ment d’nné, veux-tu! JE BOIS MON GIN TONIC ET J’AI ENVIE DE BAISER. Calvaire Robert.

Je suis insultée. Je texte un message à Anne : ça fait une heure que je t’attends, je sais pas ce que tu glandes, mais perso, ma soirée est finie. Moi pis mon manque d’intelligence, on s’en va se coucher. Elle me rappelle cinq minutes après pour s’excuser de son retard, sa laveuse s’est mise à faire la conne et y’a plein d’eau partout dans sa salle de bains, essaye de trouver un plombier à onze heures un vendredi soir, christie Kenny, je pourrai pas aller te rejoindre, mais qu’est-ce qui se passe Sophie?! Je lui raconte le drame qui vient de se dérouler. Elle me rassure en me disant que je suis la fille la plus intelligente qu’elle connait, qu’on devrait même me décerner un doctorat honorifique, pas pour mes compétences, non, juste mon intelligence, ce que je suis, mon état d’être. Bon, peut-être, mais ça ne me console pas. Je suis blessée dans mon orgueil. Je lui dis de me rappeler le lendemain si elle réussit à reprendre le contrôle de sa laveuse.

Je rentre chez nous. Contrairement à son habitude, le chat ne vient pas m’accueillir. C’est louche. En allant pisser mes trois gin tonic, je me rends compte que la fenêtre de la salle de bains est restée ouverte. Le chat en a vraisemblablement profité pour s’évader et aller disséminer son foutre dans le sexe accueillant de quelques minettes. Y’en aura au moins un de nous deux qui sera parvenu à scorer ce soir, ostie Barry.

Ne me reste plus qu’une solution : m’inscrire sur un site de rencontre.


À SUIVRE…

10 commentaires:

LeDZ a dit…

*rire*

J'ai vraiment hâte de savoir la suite, surtout avec ce W !

Mélissa Verreault a dit…

Et moi j'ai hâte qu'on aille prendre une bière.

À moins que tu sois du genre à dire des insanités semblables à celles que m'a crachées le beau Simon. Dans ce cas là, tu peux rester che' vous.

LeDZ a dit…

C'est quand tu veux Sophie...

Mélissa Verreault a dit…

Yé.

LeDZ a dit…

Envoie moi un courriel,( parce que je ne trouve pas le tien) pis on déterminera quand !

Le mien tu vas le trouver sur mon profil ;)

Mélissa Verreault a dit…

Plus rapide que son ombre la fille.

Je l'ai fait avant même que tu ne le demandes.

Tiens toé.

Anonyme a dit…

Yeah! Belle histoire... ça fait vraiment "Hollywood" le "Part I"! Moi qui pensais que tu allais faire une critique du film W...je suis agréablement surpris (parce que dieu sait que tu fais souvent des critiques de films)!

Du sexe (ou non-sexe), du gin tonic, pas de concombre, un mec cool qui devient chiant... une laveuse et une future inscription à un site de rencontre! Une recette explosive! J'ai hâte de lire la suite... Ça manque peut-être un peu de Ninja, mais bon ça c’est un gout tout à fait personnel.

Mélissa Verreault a dit…

Merci lhiver, c'est un beau commentaire ça!

Eh dis donc, tu ne dois plus dormir toi: le lancement de la revue a lieu dans trois dodos, my, my, comment tu fais pour gérer le stress?!

Anonyme a dit…

Voilà tu as tout compris...mes élans viennent de ma fébrilité! Je gère mon stress en faisant des commentaires énergiques et sans retenue!

Mélissa Verreault a dit…

Ah. Ah.

Lhiver, tu me fais rire en ce beau dimanche matin!