27 avril 2009

Ceci n’est pas un texte érotique

Je suis nue. Je vous écris et je suis nue. Dans mon lit, les seins à l’air, le cheveu ébouriffé, la cuisse à découvert, je suis ben. Écrire sans aucun vêtement pour se protéger des regards indiscrets est un plaisir sous-estimé. Parler de soi et de sa petite vie sur un blogue alors qu’on n’a rien sur le dos est sans doute la forme la plus poussée d’exhibitionnisme. Personne ne me voit mais tout le monde pourrait s’imaginer, ce que c’est, ce dont ça doit avoir l’air, ce qu’il voudrait bien que ce soit. N’est-ce pas là toute la magie de l’écriture : faire voir sans pourtant rien montrer…

Écrire ou jouer les nus-vite dans une rue achalandée par un splendide dimanche après-midi, au fond, quelle différence.

Je suis nue et je vous écris, alors que je devrais être couchée depuis de longues minutes. J’adore dormir «en fesses». Depuis quelques hivers, comme je n’ai personne dans ma vie pour jouer le rôle de chaufferette et sur qui me coller, je m’habille un brin durant les mois les plus froids. Mais là, c’est officiel, avec le retour des températures clémentes, la saison où je dors sans pyjama ni petite culotte ni bonnet sur la tête est commencée; la saison où j’ouvre la fenêtre la nuit pour sentir la brise fraîche faire lever les couvertures, celle où je change mes bons-vieux-draps-santé-conducteurs-d’électricité-statique pour de légers-draps-de-cotons-qui-sentent-bon-le-made-in-China; le moment de l’année où j’attrape à coup sûr une putain de grippe parce que de la même manière qu’on pogne toujours un coup de soleil en début d’été, je prends immanquablement froid au début de la saison du nudisme nocturne (nos mères nous l’ont répété combien de fois : en avril, ne te découvre pas d’un fil). Mais j’accepte mon sort, car le contact du textile directement sur ma peau est trop savoureux pour que je m’en prive, sous prétexte qu’un opportuniste virus pourrait s’en prendre à moi et à mon popotin en liberté. (Avec cette pandémie de grippe porcine qui nous menace, je ferais peut-être mieux de surveiller mes arrières et mon derrière, mais bon.)

C’est le printemps, je suis nue et je me dis que le monde est un endroit où il fait tout de même bon vivre. Malgré tout. Quand je dis «tout», je fais bien entendu référence aux guerres, aux génocides, aux épidémies, aux coups d’état, aux crises économiques, aux drames passionnels, aux suicides, aux animaux maltraités, aux enfants affamés, aux obèses qui ne peuvent pas s’arrêter de manger et qui se donnent comme excuse que le café est gratuit chez McDo jusqu’au 3 mai pour aller engouffrer trois œufs McMuffin chaque matin, oui, quand je dis malgré tout, je veux dire malgré tout ça.

Tout ça, mais surtout le fait que je me suis inscrite sur un site de rencontre Internet et que mon expérience, bien que courte, s’est avérée complètement catastrophique.

C’est de cet échec monumental dont j’avais envie de vous parler ce soir, de «L’amour avec un grand W – Part II», mais finalement, je me suis laissé transporter par la sensation grisante de mon corps nus sur les draps frais et je vous ai gavé de poésie à cinq cennes. Et là, je suis trop fatiguée pour entreprendre quelque récit rocambolesque que ce soit.

Alors je vais éteindre l’ordi, aller boire un verre d’eau en regardant par la fenêtre, en quête d’une scène de vie nocturne croustillante. Je vais revenir à ma chambre, tapoter doucement mon oreiller pour qu’il prenne une forme confortable, m’infiltrer de nouveau sous les draps, me masturber et m’endormir, détendue.

Le reste attendra un peu.

7 commentaires:

LeDZ a dit…

Parfois je ris beaucoup pour cacher les malaises, mais là... je ris parce que je suis que trop curieux...

;)

Mélissa Verreault a dit…

Curieux?
Comment pourrais-je satisfaire ta curiosité?

LeDZ a dit…

Pour rester poli, je me contenterais de l'expérience catastrophique !

Mélissa Verreault a dit…

Si je m'efforçais de toujours rester polie, ce blogue n'existerait pas.

Ça fait que hein.

LeDZ a dit…

ça répond toujours pas à ma curiosité... C'est pas tout de critiquer, faut répondre aux exigeances... :P

Mélissa Verreault a dit…

Patience jeune homme. Pourquoi auriez-vous des révélations en primeur: vous saurez les détails de mes tribulations internetesques en même temps que tout le monde. Bon.

Anonyme a dit…

on a le droit d'écrire dans la tenue qui nous plait !