07 avril 2009

Le D.

Il y a quelques semaines, lorsque je vous avais proposé de choisir laquelle parmi les histoires débiles mentales qui m’étaient arrivées au cours de l’hiver vous aviez le plus envie de lire, quelques-uns d’entre vous aviez répondu :

D) L'histoire de la fois où j'ai cru que j'étais enceinte mais que je ne comprenais pas pourquoi parce que me semblait que je n'avais pas couché avec qui que ce soit depuis un bon p'tit bout, pis que finalement, oui, j'étais enceinte mais que je l'ai perdu.

Alors, je crois qu’il est temps aujourd’hui que j’assouvisse votre curiosité malsaine, bande de voyeurs, et que je vous raconte exactement ce qui s’est passé…

J’ai menti. Dans mon dernier message, j’ai laissé sous-entendre que je pratiquais (involontairement) l’abstinence depuis un sacré bout de temps, mais c’est plus ou moins vrai… En fait, oui, je l’ai pratiquée et la pratique toujours, mais je me suis comme qui dirait abstenue de m’abstenir une fois, au mois de décembre. À la base, c’était censé être une bonne nouvelle – Yahoo!! Je pogne encore! – mais c’est vite devenu une tragédie grecque dramatico-pathétique.

L’affaire, c’est que je ne me suis pas rendue compte que j’avais couché avec le gars. Ok, là, vous vous dites My God Beaudoin, comment est-ce qu’on peut ne pas se rendre compte qu’on est en train de coucher avec quelqu’un? Es-tu sûre que tu as suivi tes cours de formation personnelle ou tu as foxé celui où l’infirmière de l’école prenait les filles dans une classe séparée pour leur expliquer le secret des menstruations et décortiquer l’acte coïtal?! Non, je n’ai pas foxé, je sais comment on fait des bébés, je ne suis pas sotte : ils naissent dans des feuilles de chou, les mêmes feuilles de chou que les femmes se foutent sur les seins quand elles allaitent pour soulager l’engorgement de lait maternel dans leurs tétons. Bon.

Non, sérieusement, je ne m’en suis pas rendue compte parce que de 1) je l’avoue, j’étais légèrement (euphémisme) affectée par l’alcool, de 2) j’étais gravement (soyons honnête) affectée par l’alcool et de 3) le gars avait un pénis aussi long et large que mon petit doigt.

Merde.

On en était à se frencher goulûment, à échanger sans vergogne nos haleines d’alcool et nos rotes vomis, quand Philippe (c’est pas son vrai nom, le pauvre, je vais protéger son identité et sa réputation) (Non, en vérité, c’est que je ne me rappelle pas de son nom!) m’a demandé le plus sensuellement (ironie) du monde si je voulais bien lui montrer mes mamelons. Pas mes seins : mes mamelons. Je trouvais ça un peu secondaire 2 comme demande (les gars, je ne sais pas ce que le prof vous a raconté pendant le cours de FPS où on a été séparées de vous, mais les conseils de séduction qu’il vous a donnés ne semblent pas avoir été très… pertinents), mais j’ai quand même accepté. C’était limite charmant que je me suis dit. J’ai levé mon t-shirt : je ne portais pas de soutien-gorge ce soir-là. Le Philippe, ça l’a mis dans tous ses états. Le petit doigt lui a dressé dans les culottes, il ne se pouvait plus.

C’est à ce moment qu’il m’a demandé, de sa voix qui vient de finir de muer : est-ce que je peux te manger s’il te plaît? Sur un ton suppliant. Je ne suis pas habituée à ce qu’on me demande la permission. Pour moi, ça pouvait vouloir dire deux choses : soit que a) il était un peu fétichiste de la chatte, soit que b) il n’en avait jamais léchée aucune et que j’allais être son premier cobaye. D’après le rythme frénétique auquel il me passait la langue et la quantité démentielle de bave qui me jutait entre les cuisses, j’en ai déduit que a) était la bonne réponse. J’avais des dents, des langues et des doigts partout mais, oh, surprise, pas vraiment de plaisir. Alors que son index et son majeur était coincés dans mon sexe, il a relevé sa tronche, gluante jusqu’au front, et m’a regardée drette dans les yeux : Wow, tu goûtes vraiment bon. Ben oui chéri, normal, je me lave avec de la poudre de Jell-O à saveur de kiwi. Sibouare. Il s’est remis à m’aspirer le Mont de Vénus en sapant. Pire que moi quand je mange un bol de Mini Wheats.

Il est finalement remonté vers ma bouche, histoire de me faire goûter à mon Jell-O. Il avait le vent en poupe. Pour ma part, si ce n’avait pas été de tout le mucus qui était passé de sa bouche à mon vagin, j’aurais probablement été aussi sèche qu’un Mini Wheat pas de lait. Mon envie de lui, qui ne tenait qu’au fait que j’avais bu trop de Sex on the beach, m’était passée. J’ai toujours été nulle pour faire comprendre à un gars que j’étais plus ou moins intéressée par lui et c’est encore plus difficile de lui faire comprendre quand tu es déjà à moitié nue, couchée sous son torse à un poil, les deux jambes écartées. Il a continué de me zigonner le pompon avec ses mains malhabiles pendant encore quelques minutes au cours desquelles j’en ai profité pour réfléchir à mon avenir, à ce que je me claquerais comme trip bouffe quand je serais de retour chez nous et à la manière dont je réussirais à retourner chez nous, justement. Alors que je réfléchissais à un énorme club-sandwich-full-bacon-extra-mayo, j’ai senti le jeune Philippe frétiller sur ma cuisse : il avait la même face que mon chat quand je l’amène chez le vétérinaire et que celui-ci prend sa température rectale. J’en ai déduit qu’il avait joui, mais je ne savais pas où.

C’est un mois et demi plus tard, alors que mes règles tardaient toujours à venir, que j’ai compris que ce n’était pas avec ses doigts qu’il me chatouillait l’intérieur de l’abdomen, mais bien avec son pipou et que ce n’est pas dans ses draps qu’il avait déversé son sperme, mais bien dans mon réceptacle féminin. Comme l’infirmière nous l’avait bien spécifié, lors du cours les-gars-d’un-bord-avec-leur-zizi-les-filles-de-l’autre-avec-leur-bizoune, lorsqu’on est enceinte, les règles s’interrompent. J’ai donc cru bon aller m’acheter un test de grossesse à la pharmacie du coin. Juste pour vérifier. Et oui, j’étais enceinte. Le kid, avec sa salive surabondante, son pistolet miniature et sa voix de gars qui porte une calotte même pour manger et dormir avait réussi à m’engrosser, bâzouelle. La preuve que la fertilité n’a rien à voir avec la virilité.

Deux jours plus tard, j’en étais encore à me demander ce que j’allais faire de ce poupon. Convaincue qu’il naîtrait avec une moustache molle et des yeux qui louchent et que jamais mon amant (inverse d’une litote) allait accepter de prendre ses responsabilités paternelles, je me disais que l’avortement était la seule solution, même si j’avais toujours proclamé que jamais je ne me ferais avortée, que j’étais assez grande pour assumer mes actes. Mais là, je n’assumais absolument rien, tout ça c’était passé sans mon consentement. Si j’avais su qu’il était en train de m’enfourcher, j’aurais exigé que Philippe mette une capuche sur sa marionnette.

Finalement, comme je l’ai déjà mentionné, la nature a choisi à ma place : l’embryon a gentiment pris le bord de la cuvette, pendant que je faisais mon pipi matinal, celui qui sent le jaune. Là, il sentait un peu le rouge aussi. Sélection naturelle. Cet embryon n’était pas armé pour survivre, le pauvre. Une chance qu’il s’est auto-expulsé, car il aurait trouvé ça difficile de vivre dans un monde aussi cruel que le nôtre, avec un pinch mou au-dessus de la lèvre supérieure et deux pupilles dans le même trou. Il se serait fait écœurer à l’école, c’est sûr. Et à 14 ans, lors du cours de FPS, ça aurait sûrement été lui le gros niaiseux de sa classe, qui rit encore quand il entend le mot vulve.

6 commentaires:

Hope-Folly a dit…

T'as pas mis de capuche, la buveuse?
Tu faisais quoi pendant TES cours de FPS? Tu lisais du Lucy-Maud Montgomery?

Mélissa Verreault a dit…

Je sais Madame Pilon, je sais. Pensez-vous vraiment que je suis FIÈRE?! Loin de là.

Je le répète: je n'étais pas au courant qu'on couchait ensemble. Ce fut une pénétration à mon insu. My God. Faut pas trop que j'y repense, j'ai des frissons.

Et j'suis allée voir le monsieur-qui-nous-dit-si-on-est-malade-en-bas-de-la-ceinture, et heureusement, mon jeune pouilleux ne m'a pas transmis de MTS. À part un bébé là... À qui j'aurais pu lire du L.-M. Montgomery pour qu'il s'endorme, s'il avait survécu...

LeDZ a dit…

euh... ouian... C'est comme un mal pour un bien...

C'est un sujet qui est encore très tabou, l'avortement et la fausse couche...

Comme pangloss le dit si bien dans candide : Tout va pour le mieux dans le meilleur des monde ( en passant, pour ceux qui ne comprennent pas, c'est du sarcasme... )

M-E D a dit…

Sacrée Sophie... 15 autres minutes que se sont volatilisées dans mon horaire.
Si mon boss fait un scan des sites visités... il fera barré ton blog à tous les employés du MELS! ;)

Mélissa Verreault a dit…

M.E.D., promis, je te stoolerai pas à tes patrons... Mais fais attention pour ne pas te faire pincer, je serais triste que tu ne puisses plus venir me visiter!

Anonyme a dit…

Ouch! Ça fesse!