25 octobre 2008

Une journée pluvieuse dans la vie d'une exhibitionniste déprimée

Être célibataire par temps pluvieux, y'a plus heureux comme situation. Mais y'a pire aussi. Comme être célibataire pendant un ouragan. Le vent emporte toutes vos revues porno, celles qui vous tiennent compagnie quand la solitude des draps et la place vacante dans votre lit king size se font insupportables, et ça, des revues porno qui volent de tout bord tout côté, c'est vraiment pathétique comme image.

Aujourd'hui était une journée pluvieuse comme seule la fin octobre sait nous les offrir. Et aujourd'hui, j'étais plus célibataire que jamais.

Je me suis levée à 10h30, alors que j'avais mis mon cadran pour me réveiller à 8h45. On dirait bien que je ne trouvais pas de raisons suffisament convaincantes pour me lever.

Je me suis fait un bol de café au lait dans lequel j'ai trempé le pain aux bananes et chocolat que je m'étais fait hier soir - je sais, mes vendredis soirs sont complètement endiablés, ne m'en parlez pas.

J'ai plié le linge propre qui était resté en tas sur le dessus de la laveuse. J'ai rangé la vaisselle qui avait passé la nuit à sécher sur le comptoir. Effectivement, toutes les activités ménagères étaient de merveilleuses excuses pour ne pas faire ce que j'avais à faire.

Je me suis finalement mise à la tâche. J'ai sorti stylo, feuilles lignées et bouquins et je me suis mis à lire pour préparer ce fameux exposé que j'aurai à faire dans moins de deux semaines à l'université. Attriquée comme une demeurée -t-shirt étiré et robe de chambre en rétine blanche sur le dos, bas de laine pour hommes aux pieds et bandeau retenant mes cheveux gras pour cause de grève de douche ce matin -, j'ai lu avec presque motivation pendant deux heures.

Je méritais une pause. Alors j'en ai profité pour vider mon garde-robe à la recherche d'un papier que je cherchais depuis quelques jours et sur lequel je n'avais pas encore réussi à mettre le grapin. Je ne l'ai pas trouvé, mais à la place, je suis tombée sur des vieilles partitions de clarinette. Je me suis sentie comme si je venais de découvrir le tombeau de Champlain; fallait absolument que je joue une de ces pièces que j'avais tant pratiquées lorsque j'étais dans l'harmonie de la polyvalente. Il y a bientôt quinze ans. Ouch. Ressortir mon instrument, celui auquel je ne touche presque plus: une autre bonne excuse pour ne pas faire ce que j'avais à faire.

Après, je me suis dit que ça serait bien de bouger un peu. Comme si la pluie ne suffisait pas, j'ai décidé d'aller me mouiller encore plus en allant à la piscine du quartier. J'ai fait des longueurs pendant une demie heure, dans le corridor «Lent». Je ne me sentais pas l'orgeuil d'aller dans le «Moyen» aujourd'hui, alors je me suis contentée de nager en compagnie des p'tites grosses et des octogénaires.

Je me suis douchée, j'ai enfilé mes vieux joggings, mes bottes de pluie, mon imper rouge et ma tuque mauve et je suis arrêtée à l'épicerie du coin faire quelques provisions pour souper.

Mes longueurs avaient beau être «lentes», elles m'avaient creusé l'appétit. En revenant à l'appartement, je me suis gavée de Tostitos avec crème sûre et salsa, histoire de bien récupérer toutes les calories que j'étais parvenue à brûler en allant à la piscine.

Après, j'ai lu encore un peu. C'était censé être une journée d'étude aujourd'hui, après tout.... Mais mes yeux se sont mis à fermer tout seul, et ne me sentant pas la force de lutter contre les forces naturelles du sommeil, j'ai consenti à faire un petit roupillon. J'ai dormi en cuillère avec le chat qui ronronnait goulument. C'est une image aussi touchante que désespérante...

Au réveil, je me suis cuisinée un petit plat de pâtes, rien de compliqué - pesto, asperges et tomates séchées, on connaît des ingrédients moins appétissants. J'ai savouré le tout devant le mauvais film qui jouait à un des quatre canaux que je reçois avec mes oreilles de lapin. Une fois le festin terminé, j'ai éteint le téléviseur, allumé la musique et me suis remise à la tâche.

Après une vingtaine de pages, une soudaine envie de baiser m'est montée au cerveau - ou m'est descendue dans les pantalons, je ne sais trop. J'ai stoppé ma lecture et je me suis masturbée en pensant à deux ou trois gars différents. Aucune image n'arrivait à m'exciter réellement; il est temps que je me trouve un nouvel amant. J'ai quand même fini par jouir.

Je me suis lavé les mains, j'ai attrapé mon portable et je me suis dit: «Tiens, et si je racontais ma journée sur mon blogue. Ça fait mille ans que je n'ai pas écrit.» Et voilà, c'est ce que je suis en train de faire en ce moment. Révéler les petits secrets de mon existence misérable comme on dresse une liste d'épicerie.

Être célibataire par temps pluvieux, y'a pire. Mais vraiment, on peut facilement trouver plus excitant.

Ne me reste plus qu'à souhaiter que j'ai au moins un lecteur masculin et que celui-ci s'avère être plutôt joli, moyennement sportif, beaucoup intello, qu'il aime la musique, le cinéma, la bonne bouffe, les voyages et le plein air et qu'il est du genre à se laisser séduire par des exhibitionnistes déprimées comme moi.