19 novembre 2008

The soundtrack of our life – Part Two

Lundi, 15h05, station Pie-IX. Un mec avec ses cheveux longs, ses bottes de cuir, son t-shirt blanc TXT acheté à 9,99$ en vente chez Simons et sa guitare. Il sort la bête de son étui, le pic entre les dents. Sa copine aux cheveux blond platine et à la repousse brun terne est de l’autre côté de la rame de métro. Elle espère que le wagon prendra son temps avant de venir la chercher et de l’emmener loin de son homme. Elle le regarde avec tendresse, le toupet en travers des yeux, nageant dans son coton ouaté trop grand – elle l’a piqué dans la commode de son bel amant, avant de partir, fourré dans le sac à dos, incognito. Elle lui envoie des becs soufflés comme une fillette de cinq ans. Il lui répond en entamant un air plus ou moins connu sur son instrument. Malheureusement, la mélodie ne se rend pas jusqu’à elle, elle ne l’entend pas, le train arrive, dans son grondement sourd qui fait qu’on devient sourd nous aussi. Elle s’engouffre dans le wagon, va poser sa main sur la vitre sale de graffitis et de crachats et forme les mots « je t’aime » avec ses lèvres silencieuses. De l’autre côté arrive notre train, celui dans lequel l’homme au look de rocker déchu et moi-même allons nous enfourner. C’est là que je l’ai reconnu.

C’était François, un des participants de la première cuvée de Star Académie.

Voilà où ils mènent, les disques d’or, les galas du dimanche soir, les front page du magazine La semaine, les soupers spaghettis organisés pour amasser des fonds pour acheter des votes et faire gagner « démocratiquement » son préféré; voilà donc où ils vont tous finir par les jouer, leurs hits à cinquante sous, paroles signées Stéphane Laporte : entre une poubelle qui déborde et un banc où ronfle un itinérant aussi chaud que ses huit chandails de laine empilés.

Lundi, 15h08. Pendant trois minutes, la soundtrack de ma vie a été assurée par un gars à qui on avait promis la gloire et le champagne et qui maintenant n’a de succès qu’auprès de ceux qui n’ont pas assez d’argent pour s’acheter une voiture : des mémés encombrées de sacs d’épicerie, des étudiants cernés et fauchés, des junkies déboussolés et des fonctionnaires sous-payés qui écoutent Star Académie pour oublier à quel point leur vie les emmerde.




***




Et pour ceux que ça intéresse, je vous reviendrai dans quelques jours avec la suite de cette histoire de l’ex qui débarque chez moi sans crier gare… Laissez-moi juste le temps de digérer.

3 commentaires:

Anonyme a dit…

J'ai une chanson qui s'appelle Sophie B.

Le nom m'a intrigué et je suis venu lire. Merci pour les beaux mots qui m'ont donné envie d'écrire.

Mélissa Verreault a dit…

Wow, une chanson qui porte mon nom, quel honneur!
J'aimerais bien l'entendre et en lire les paroles, si tu peux me fournir un lien, Antoine.

Heureuse d'avoir pu t'inspirer. Reviens me visiter...

Anonyme a dit…

http://www.antoinecorriveau.com/musique/pages/textes_eqm/sophieb.html

Le texte est là et tu peux l'entendre en allant directement sur le site.