30 novembre 2007

Le premier du douze

Demain, c’est le 1er décembre. Le jour où, officiellement, les célébrations de Noël commencent. Bien que les décorations dans les centres commerciaux soient installées depuis le lendemain de l’Halloween – je crois que ce sont des mecs déguisés en Frankenstein et en membre de l’escouade Ghostbuster qui sont engagés pour accrocher les couronnes de gui dans les magasins à grande surface – ce n’est que le 1er décembre que les commerçants commencent à nous projeter des rigodons et des chants traditionnels dans les oreilles. Ils ont compris que de faire jouer des remix cheap de Santa Claus is comin’ to town avant cette date, ça pouvait occasionner certaines frustrations chez les consommateurs, voire en rendre quelques uns complètement fous. Ce n’est pas un coup de marketing très gagnant.


Le 1er décembre, c’est aussi le début officiel de l’Opération Nez Rouge. Ce qu’on peut en déduire, c’est que c’est aussi le début officiel de la saison où les gens boivent beaucoup – à entendre «trop». La saison des partys de bureau organisés par les clubs sociaux. Pour oublier qu’ils n’ont pas envie de célébrer avec leurs collègues impertinents, les gens se saoulent. Se saoulent, et boivent, et se saoulent, et boivent. En début de soirée, ils s’étaient promis de ne pas dépasser le .08, de rester sages cette fois-ci, alors ils ont pris leur voiture, sans réserver une place avec le service de raccompagnement. Résultat : étant donné que 2348 autres personnes ayant des partys de bureau ce soir-là ont eu la même bonne idée qu’eux, c’est-à-dire d’appeler Nez Rouge à une heure et demie du matin, complètement bourrés, ils ont dû attendre jusqu’à 4h30 pour pouvoir bénéficier du service. Et entre 1h30 et 4h30, qu’ont-ils fait? Ils ont baisé leur secrétaire sans prendre le temps de baisser leur culotte.


Le 1er décembre, c’est le jour officiel de la lutte contre le SIDA. Mais voulez-vous ben me dire qui ça intéresse, le SIDA? En ces temps de réjouissance, où tout est recouvert de guirlandes, de confettis, de brillants, de poinsettia et de lumières rouges, blanches et vertes, non, vraiment en ces temps où nous avons le cœur à la fête, l’estomac à la dinde et la tête au magasinage de dernière minute, ce n’est pas bien vu de venir nous embêter avec des histoires d’horreur et des maladies. On a ben assez de l’épidémie de grippe qui sévit toujours entre Noël et le Jour de l’An, transmise de mère en fille, de nièce en mononcle et de papa Noël en fée des glaces. Jour officiel de lutte contre le SIDA? Ok, j’peux ben vous encourager en vous achetant un p’tit ruban rouge, c’est cute après toute, mais m’eux pas entendre vos discours, pas le temps, mon char roule, j’suis parkée en double, pis ma bûche à crème «blacée», a va fondre dans le coffre.


Le 1er décembre, c’est la fête de Saint Éloi et de Sainte Florence. Mais ça, bordel qu’on s’en fout. Au Québec, on est «layic». Laïc vous voulez dire? Laïc, c’est ça j’ai dit. Le Québec madame, c’est un pays laïc! Euh, à ce que je sache, nous ne sommes pas encore un pays à part entière, non? C’pas ça l’important! L’important, c’est qu’icitte, la religion, c’est fini. F-I, N-I-NI, fini! Euh… F-I-N-I-NI, à ce que je sache, ça fait pas fini, mais plutôt «finini»… Heille,la comique, tu veux-tu rire de moé? Pas du tout madame. Le Québec est un pays laïc bon dieu de merde, vous avez ben raison! Franchement ma p’tite fille! Bon dieu de merde, on dit pas ça, c’est du blasphème! – Sans commentaire - Ouais. Le 1er décembre, c’est la fête de Saint Éloi et de Sainte Florence, mais on s’en fout, car ici, on est un pays laïc. Tellement laïc qu’on dépense des milliers de dollars chaque année pour célébrer l’anniversaire du petit Jésus.


Demain, c’est le 1er décembre, et je travaille. Bah, faudrait pas croire que je me suis trouvé un job, un vrai. J’ai accepté de dépanner une amie dans une boutique du centre-ville. Je vais emballer des cadeaux. Je vais être la celle qui risque d’emballer les présents de la moitié des meudames de l’île de Montréal, parce que la moitié des hommes ne savent pas comment emballer un cadeau. L’autre moitié ne voit pas à quoi ça sert de foutre la boîte dans du beau papier à dix piasses le rouleau quand c’est pour qu’il se fasse déchirer deux heures plus tard. Alors ils n’emballent pas et disent tout simplement Tiens chérie. Je sais, c’est pas emballé, mais ça vient du cœur. Quand je l’ai vu, j’ai toute suite pensé à toi. Une antenne satellite. Merci mon amour.


Demain c’est le 1er décembre, et contrairement à la tradition qui a toujours été perpétuée dans ma famille, je ne ferai pas mon sapin de Noël. Aucun arbre-qui-perd-ses-épines ne rentrera chez nous cette année.


Parce que je trouverais ça trop triste de voir cet arbre, fier et vaillant, n’avoir aucun cadeaux à ses pieds. Car après tout, qui sera là cette année pour venir déposer une jolie surprise sous les branches de mon sapin? Sûrement pas Magalie, sûrement pas François, sûrement pas Louis, sûrement pas Madame St-Germain. Sûrement pas Maman. Et mon père passe les vacances dans le Sud avec sa nouvelle blonde. Si j’m’achète un arbre de Noël cette année, ça va être un palmier.




2 commentaires:

Anonyme a dit…

À te lire, je commence à me trouver cheap de détester les fêtes alors que je n'ai aucune raison...

Anonyme a dit…

Peut-être qu'on est une génération qui réinventera Noel... hein peut-être???
J'aime pas Noel, pour pleins de raisons, et j'aime faire des trucs utiles, donner de mon temps au lieu de donner des cadeaux, faire ce que j'aime au lieu de faire ce qu'il faut. Ça rend Noel moins moche, entoucas pour moi, pas pour tous autour de moi mais pour moi.
Réinvente toi un Noel, c'est ta chance.