25 juillet 2007

Waterproof, PART TWO




Louis n’est finalement resté que deux nuits et trois jours à Montréal. Et, étonnament, ce n’est pas mon humeur massacrante qui l’a fait fuir. C’est plutôt un appel de son patron lui demandant de rentrer plus tôt parce que la compagnie venait d’obtenir un énorme contrat et les délais étaient très serrés.

Je suis allée le reconduire à l’aéroport en taxi. Ça m’a coûté cher juste pour dire adieu, mais j’imagine que c’était nécessaire, qu’il fallait qu’on se quitte d’une manière digne et qu’on se dise quelques petites choses avant qu’il ne parte.

- Alors, quand est-ce que tu viens me voir à Rennes?
- Puisque j’en serai bientôt rendue à jouer du Harmonium sur les quais du métro pour arrondir mes fins de mois, va falloir attendre qu’un bon samaritain glisse un billet d’avion pour la France dans mon case de guitare.
- Et si je t’offrais l’aller-retour, moi?
- T’es pas obligé de faire ça Louis…
- Non, je suis pas forcé, t’as raison, mais j’en ai envie alors…
- On verra, ok? J’ai quelques petites choses à régler ici avant d’aller me créer d’autres ennuis ailleurs!
- C’est toi qui sais! Mais dans un mois, quand ce fameux contrat sera terminé, mon patron n’aura pas le choix de me dédommager pour m’avoir ruiné mes vacances, alors je vais lui négocier un autre trois semaines… J’aurai donc du temps pour toi, si tu veux.
- C’est vraiment gentil, merci, mais… on verra!

Les aéroports, ce n’est pas comme dans les films; on ne peut pas voir les gens monter dans l’avion et leur faire salut par la baie vitrée. Pas question d’accompagner le voyageur jusqu’à la porte d’embarquement et de courir dans le long corridor menant à la porte de l’avion pour soutirer un dernier baiser à celui qui nous quitte. C’est un leurre. Il n’y a que dans la tête de Steven Spielberg que cela est possible. En réalité, cela se déroule d’une manière beaucoup moins romantique. On fait la file, on discute, et soudainement, quelqu’un nous annonce que si nous n’avons pas de carte d’embarquement, nous devons nous éloigner. Il faut dire au revoir maintenant. C’est la dame de la compagnie aérienne qui décide quand tu dois dire «à bientôt». Et elle le fait de manière assez brusque généralement.

Devant l’insistance de l’hôtesse de l’air, nous n’avons pas eu le choix, il a fallu mettre fin à la discussion que nous n’avions pas. Je n’avais rien à dire à Louis, et lui était rendu mal à l’aise par mon silence. Il a voulu m’embrasser, évidemment, mais moi, j’ai détourné le visage. On s’est contenté d’une longue accolade et d’un «je t’appelle dès que j’ai un moment». C’est ainsi que ça s’est passé. J’ai payé soixante-dix dollars de taxi, aller-retour, pour passer cinq minutes à l’aéroport avec un gars que je n’étais même pas triste de laisser filer.

Du moins, c’est ce que je croyais. Dès que j’ai mis les pieds dans le taxi du retour, j’ai éclaté en sanglots. Le chauffeur a eu toute la misère du monde à comprendre mon adresse; j’avais de la difficulté à parler tellement mon menton tremblait. Le pauvre homme, il a bien essayé de me consoler - «Ça ba bienne aller madémoisselle, touté ba rrentrer danne l’ordre. C’est ça la bie, c’est difficilé des fois. Tenez. Madémoisselle prendre oune papel mouchoir. Dousse pour lé nez.» - mais il n’y avait rien à faire, j’avais complètement perdu le contrôle.

Les larmes se sont calmées seulement lorsque j’ai franchi le seuil de ma porte. Cependant, la crise n’était pas complètement terminer; des larmes récalcitrantes se pointaient une fois de temps en temps et j’étais au prise avec ces espèces de hoquets de respiration qu’on a lorsqu’on pleure trop.

La seule activité constructive que j’ai réussi à accomplir cette journée-là, ce fut de prendre mes messages sur mon répondeur.

- Salut ma choupette, c’est ta mère. Me semble que ça fait longtemps qu’on s’est pas parlé. J’aurais aimé ça qu’on jase là. J’ai des bonnes nouvelles à t’annoncer. Ça fait que… rappelle-moi, ok?!

Bip.

- Salut Sophie, c’est Louis. Écoute, on s’est laissé un peu vite tout à l’heure, j’aurais aimé ça qu’on parle un peu plus, qu’on prenne le temps de…. Crrrchhhh, crchhhhh… tu vois? Merde, je crois que … crchhhhh… va couper. M’enfin… Regarde dans ton imper, je t’ai… crchhhh… un petit… crchhhh. Prends soin de toi. Je … crchhhhh.

Bip.

Je? Je quoi? Merde! Mon imper… Quel imper? J’avais un imper moi?! Oui! Mon imper rouge! Mais… Me semble que je n’ai pas enlevé de manteau en rentrant ici. J’ai ouvert la porte, j’ai enlevé mes souliers et je suis allée m’effrondrer sur le lit… Pas d’imper. Oui! Un imper, mais dans le taxi! Fuck.

4 commentaires:

Bunny a dit…

J'adore ta manière de raconter. On ne s'est jamais comment ça va se terminer avant d'être rendue au dernier mot :)

Mélissa Verreault a dit…

Merci Pleione!
C'est toujours bon de recevoir des commentaires encourageants!

J'suis contente de voir que tu continues de me lire... J'aime à coire que j'ai mes lecteurs fidèles qui attendent de connaître la suite! Ça me motive beaucoup...

À bientôt!

Sophie

Bunny a dit…

C'est certain que je vais attendre la suite :)

Mélissa Verreault a dit…

Voilà, la suite est arrivée!!

J'espère qu'elle saura te tenir en haleine, comme le dernier message a pu le faire!

Bonne lecture!