03 septembre 2009

Christian Slater et moi

Bon, je crois que j’ai assez fait durer le suspens. Avant de me faire arracher la tête par une horde de lecteurs assoiffés de sang et de potins décadents, il vaudrait mieux que je vous raconte les détails de mes dernières mésaventures. J’ai laissé trop d’histoires en plan ici et je ne sais plus trop par où commencer. Le début serait sûrement une bonne chose, mais j’ignore exactement où tout ça a pris naissance. Probablement dans un gros tas de merde fumant.

La merde, c’est comme tout le reste, pour mettre de l’ordre dedans, il faut procéder logiquement, étape par étape. Sans oublier d’enfiler des gants avant.


Histoire numéro un : Nate, alias le New Yorkais allergique aux chats


J’ai été une bitch. Vraiment. J’ai fait un homme de moi-même et j’ai agi lâchement. Heureusement, pour ma défense, je peux invoquer mon manque réel de couilles. C’est vrai, regardez entre mes deux jambes, je n’en ai pas. La nature m’a ainsi faite. Je n’ai pas de couilles, pas de cœur et beaucoup honte : j’ai abandonné Nate.

Le lendemain de son entrée catastrophique à l’urgence, je suis retournée le chercher à l’hôpital. Les médecins m’avaient dit qu’ils lui donneraient son congé en fin d’avant-midi. Me suis pointée là avec ses affaires et l’honnête intention de le ramener gentiment à sa chambre d’hôtel. À chaque marche que j’empruntais, ma bonne foi s’estompait. Rendue à l’étage de sa chambre, mon niveau d’empathie avait atteint un seuil exagérément bas. Puis je l’ai vu. Nate était au bout du corridor, dans sa jaquette bleue qui laisse entrevoir le croupion. Il parlait avec une infirmière dans son français tellement cassé qu’on aurait envie de lui mettre un plâtre sur la langue. L’infirmière devait trouver ça charmant, elle riait à gorge déployée et n’arrêtait pas de se tourner le boudin tout en penchant la tête par derrière. Nate a levé son bras, l’a appuyé sur le cadre de porte. Le pan de sa jaquette a évidemment remonté. J’ai vu sa fesse droite. Je n’avais jamais remarqué qu’il avait le cul aussi poilu. L’infirmière a ri encore plus fort. Moi, j’ai senti mon œsophage se contracter et mon déjeuner remonter tranquillement.

Sans faire de bruit, j’ai marché à reculons, repris les escaliers et suis allée à l’accueil. J’y ai laissé toutes les affaires de Nate et suis partie presque en courant. Juste au cas où il m’aurait vue et où l’envie lui aurait pris d’essayer de me rattraper.

J’ai eu peur que Nate se rappelle où j’habitais, mais je pense qu’il était trop transi d’amour pour remarquer dans quelle direction il marchait, le soir où je l’ai ramené chez moi. Il m’a cependant laissé 46 messages sur mon cellulaire et 18 textos. En deux jours. C’était décidément trop pour moi. Je me demandais comment régler cette situation légèrement embarrassante, mais finalement, le destin a trouvé une solution à ma place : j’ai échappé mon téléphone dans la toilette. J’ai essayé de le rattraper, mais il était rentré trop profond dans l’orifice. J’ai dû m’en acheter un nouveau. Et changer de numéro de téléphone.

C’est la fin d’histoire d’amour avec un New Yorkais la plus décevante que je connais. Pour quelque chose de mignon et de touchant, je vous conseille plutôt Il pleut des roses sur Manhattan. Christian Slater gère clairement mieux sa vie amoureuse que moi.




À venir : l’histoire numéro deux, ou quoi faire pour être sûre de ne jamais sortir avec un beau docteur à l’accent allemand et aux mains habiles

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