06 juillet 2009

Guide du parfait petit désastre, PART II

Alors que nous marchions dans le splendide Montréal nocturne, accompagnés par les miaulements des chats de ruelle et celui des putes prêtes à faire une pipe pour cinq piastres parce qu’elles ont vraiment besoin d’un fix, Nate s’est arrêté au coin d’une rue pour attacher ses lacets. Quand il a eu fini, alors qu’il était encore à demi agenouillé, il a fait la (mauvaise) blague de faire semblant de me demander en mariage. Au début, je faisais moi-même semblant de trouver ça drôle, mais je suis rapidement devenue mal à l’aise quand j’ai senti qu’il y avait comme une part de sérieux dans sa proposition…

C’est alors que Nate s’est mis à me parler du fait qu’il allait être à Montréal de plus en plus fréquemment, pour le boulot. La rencontre de la veille avec son client s’était particulièrement bien déroulée et il projetait obtenir plusieurs contrats avec lui au cours de la prochaine année. Idéalement, il devrait venir s’installer en ville pour quatre ou cinq semaines, quelque part vers la fin août, afin de mettre en place je ne sais trop quoi avec je ne sais trop qui. Normalement, j’aurais dû me réjouir d’apprendre que j’allais avoir mon amant à proximité pendant quelques temps, mais les choses ne sont jamais si simples.

- Do you know someone who might be interested in having a dude like me sleeping on his couch for a few days… or weeks?! Cause I should find a place to stay that would be cheaper than an hotel, if I want that contract to be profitable...

Someone who might be interested in : tiens, on dirait que c’est devenu mon nouveau surnom d’amour, que je me suis dit à ce moment-là. Les yeux qu’il me faisait en posant cette question incitaient clairement à croire que si je ne lui offrais pas de venir habiter chez moi pendant la durée de son contrat, il serait légèrement offusqué. Mais je n’avais dont ben pas envie de lui proposer de devenir mon coloc temporaire! Nate est un homme charmant, mais… c’est là que ça s’arrête. Il a déjà été marié, il a une fille avec qui j’ai une différence d’âge moins grande qu’avec lui, il vit un peu trop à la bohémienne à mon goût, surtout considérant son âge, et… y’a pas de et, je trouve que ce sont là trois raisons suffisantes pour ne pas avoir envie de m’engager trop sérieusement avec un dude like him.

- We’ll talk about that later, ok Nate? I’m a bit tired and I just want to be home.
- Of course honey.

Honey. Ciboulaille. Je préférais encore Someone who might be interested in comme petit nom d’amour. On a marché le reste du trajet en silence. Rendus à la maison, je lui ai offert un verre de porto, qu’il a accepté avec un sourire en coin un peu trop pervers à mon goût, étant donné l’état d’esprit dans lequel je me trouvais.

- May I drink it « somewhere » else than in a glass?
- What do you mean?
- I mean... your body, your beautiful body: I want to drink my Porto on you... Lick your tummy, follow the drop on your hip with my tongue...
- Ok, stop. I see what you mean now. But I don’t know if I feel like being sticky and wet...
- Oh come on, don’t be prudish...
- Me, prudish!? Pff.

Il commençait à m’énerver royalement avec ses petits défis à la con. Quand je m’emporte, l’anglais prend le bord et c’est ma langue « naturelle » qui revient au galop. Je l’ai subtilement envoyé paître en français, mais le con a trouvé ça so sexy. Go on, please. Gimme more. Mais je n’avais pas envie de lui « gimmer » more; j’avais la libido dans le tapis, dans le sens où j’ai dû l’échapper quelque part par terre et là je ne la trouvais plus. Je n’avais plus du tout le goût de faire l’amour avec Nate, et c’était un peu problématique comme situation car lui en avait vraisemblablement plus envie que jamais et en plus, puisqu’il est considéré comme mon amant, par définition, c’est ce que nous sommes censés faire lorsque nous sommes ensemble : l’amour. To make loveeeee, you know.

Je lui ai dit que j’avais besoin de prendre une douche avant. C’était pour gagner du temps et trouver une façon de le renvoyer à sa chambre d’hôtel. Finalement, je n’ai pas eu besoin d’inventer de stratagème, la sélection naturelle a pris la situation en main...

Quand je suis sortie de la douche, serviette sur la tête et pieds encore mouillés, j’ai trouvé un Nate particulièrement affaibli sur mon divan et ma foi, plutôt enflé.

- Are you feeling ok?
- Not really, it’s hard for me to breathe right now… Do you have a cat?
- Yes.
- Shit. I’m so allergic to cats, I should have told you... I think I’m gonna need to go to the hospital, I don’t have my medication with me.

Un point pour mon chat. Sauf que là, je trouvais ça un peu extrême comme moyen de me débarrasser de mon amant indésirable. Le but n’était pas de le tuer non plus…

- Do you need me to go with you? (Ok, je l’avoue, j’ai été cheap sur celle-là)
- Well, the last time it happened to me, I passed out before I was able to reach the hospital so, yes, I guess it would be a good thing if you could come.
Je me suis rhabillée, n’ai pas pris la peine de me sécher les cheveux (quelle grandeur d’âme, je sais), et on est allé au stand à taxi, direction hôpital Notre-Dame.



La suite dans le PART III. Pour moi, je vais être bonne pour écrire une saison complète de télésérie à partir de cette seule soirée…

2 commentaires:

Anonyme a dit…

La suite! La suite! : )
J'adore ets histoires! :)

Mélissa Verreault a dit…

Ça s'en vient, ça s'en vient, promis!

Je suis plutôt occupée par les temps qui courent, mais dès que j'ai deux secondes, je m'en viens vous raconter la suite... Ouh là!