27 décembre 2008

Noël chez les B.

J’ai passé Noël sur le cul. Au sens littéral du terme ; assise sur mes deux grosses fesses à ne pas pouvoir bouger. Raison de ma position obligée : l’administration Tremblay. La Ville n’est pas foutue de déneiger les rues et de déglacer les trottoirs en moins de trois semaines. Résultat : les dames âgées, les saoulons endimanchés et les Sophie B. de ce monde se pètent la margoulette sur le bitume. Et Sophie B. ne s’est pas manquée. Exit les déhanchements aguicheurs sur les planchers de danse endiablés pour au moins les trois prochains mois, car j’ai deux membres dans le plâtre – fracture du poignet et de la cheville gauches – et un coccyx en feu et en bleus! Les médecins ne comprennent pas trop comment j’ai fait mon compte. À vouloir jouer les Nadia Comaneci et faire une belle réception – jambes groupées, bras en T – et ainsi sauver mon orgueil, je n’ai vraisemblablement fait qu’accentuer la gravité de la chute…

Voilà donc cinq jours que je squatte le sous-sol de chez mon père, ensevelie sous de lourdes catalognes et des montagnes de cochonneries – cette année, j’ai troqué la dinde pour des sacs de crottes au fromage, les atacas pour des jujubes en forme de framboises et la tourtière pour des macarons au chocolat. J’écoute des films à la journée longue et dès que j’émets le moindre son, la blonde de mon père accourt pour répondre à tous mes caprices. Comme je ne l’aime pas particulièrement, cette jeune femme qui pourrait quasiment être ma fille (ok, j’exagère un peu, mais vous connaissez mon légendaire sens de l’hyperbole), je vous assure que je m’arrange pour être particulièrement capricieuse. Puisqu’elle serait prête à tout pour que, justement, j’apprenne à l’aimer, elle se plie à tous mes désirs.

Avant-hier, seulement pour rire un peu, je l’ai envoyée me louer trois films au Club Vidéo. Lorsqu’elle est revenue, je me suis oh! soudainement rappelée que j’avais déjà vu l’un d’entre eux. Elle est allée l’échanger. Lorsqu’elle est re-revenue, tiens donc, j’ai fait semblant que le DVD qu’elle venait d’emprunter ne fonctionnait pas. Oups. Après sa troisième course au Club Vidéo, j’ai lancé un « Ah! J’ai pu vraiment envie d’écouter des films finalement. T’aurais pas envie de jouer au Scrabble? Please? » Elle haït le Scrabble. Et moi j’adore jouer contre elle car je la plante à chaque fois. Cette fois-là n’a pas fait exception.

Ça a ça de fantastique, être malade, on dirait que tout nous devient permis, ou du moins excusable. Je ne suis pas vraiment malade au fond, mais on me donne l’occasion de faire comme si, alors je profite des avantages liés à ma supposée situation. Les bénéfices marginaux sont une belle invention. Mais j’avoue avoir hâte de pouvoir me déplacer de nouveau comme une personne non unijambiste. Le problème c’est que je ne peux pas vraiment aller dehors, les trottoirs étant encore et toujours aussi glacés, je risque juste de me maganer l’autre côté du corps. Je commence à être fatiguée de me reposer. J’ai besoin de me sentir utile à la société…

Je crois que je vais rédiger une mise en demeure contre la Voirie de Montréal, tiens. Et exiger quelques millions en guise de dédommagement. Avec tout cet argent, je pourrai assurer mon approvisionnement en caramels et en chips sel et vinaigre pour le restant de mes jours.

Je crois que je viens de trouver un nouveau sens à ma vie.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Bonjour
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Bonne continuation