06 novembre 2009

Les noces de vent

F. et moi avons célébré notre premier mois officiel de couplage il y a quelques jours. Un grand événement. On a souligné la chose sobrement, avec beaucoup d'amour et une bonne bouteille de vin, tout simplement. Un mois, y'a pas de quoi en faire tout un plat, mais reste, en ce qui me concerne, ça tient presque du miracle et je peux déjà affirmer que c'est une de mes relations les plus longues.

Pendant un moment de pur romantisme, coupe à la main et regard mielleux dans les yeux, j'ai lancé à F. une assertion pas si eau-de-rose que ça:

- J'ai pensé à ça aujourd'hui et après un mois passé ensemble, à se voir pratiquement tous les jours, je ne t'ai toujours pas entendu péter.

F. a souri. C'est pour ça que je l'aime: parce qu'il m'embrasse quand je dis des choses intelligentes et qu'il sourit quand j'en sors des stupides.

- Non mais c'est vrai! C'est quand même étonnant! Je suis presque en train de me demander si tu as un intestin ou si tu ne serais pas plutôt un robot dépourvu de système digestif qui synthétise les aliments selon un procédé très complexe d'auto-combustion...

Là, F. m'a embrassée. Pourtant, ce n'était pas particulièrement intelligent ce que je venais d'énoncer, mais bon, peut-être qu'il faisait juste m'aimer et qu'il avait envie de me le démontrer physiquement.

La fin de la bouteille de vin est arrivée, ainsi que la fin de la soirée; on est allé se coucher en forme de cuillère en porcelaine et on s'est endormi, main dans la main, trop fatigué et trop saoul pour faire l'amour.

Au milieu de la nuit, je me suis réveillée, j'avais chaud; je me suis retirée de notre étreinte symbiotique, suis allée boire un verre d'eau et ai regagné le lit. F. avait profité de mon absence pour se retourner et se coucher sur le côté gauche, signe que c'était à mon tour de le spooner (je déteste ce mot mais je l'emploie tout de même, faute de mieux). J'ai entouré F. de mes bras et l'ai serré très, très fort, mais jamais autant que je l'aurais voulu, parce que mon amour est trop grand pour que je puisse le résumer dans une accolade.

Soudainement, j'ai entendu un petit bruit sec et senti un vent chaud et humide sur ma cuisse. F. venait de me péter dessus - ou peut-être qu'il faisait juste m'aimer et qu'il avait envie de me le démontrer physiquement.

F. a lâcher une flatulence sur ma jambe, tandis qu'il dormait d'un sommeil béat.

La remarque que je lui avais faite plus tôt dans la soirée n'était pas tombée dans l'oreille d'un sourd - ni dans les intestins d'un robot qui ne pète pas. C'est comme si le fait d'avoir abordé ce sujet avait désamorcé un tabou dans l'inconscient de F. et qu'à partir de ce moment, son ça, son moi et son surmoi s'étaient dit: ça va les gars, dorénavant, on peut ouvrir les valves et les sphincters.

J'ai ri. Dans la nuit humide et odorante, j'ai ri toute seule et je me suis rendormie, à bout de rires.



Après un an, on dit qu'un couple célèbre ses noces de coton; après deux, ce sont les noces de cuir; cinq ans, celles de bois et à vingt-cinq, on souligne les noces d'argent.

Je déclare officiellement qu'après un mois, un couple fête ses noces de pet.